France
Glyphosate : pour le maire de Bègles, une analyse de cheveux qui défrise
Vendredi, Clément Rossignol Puech, le maire écologiste de Bègles présentait à la presse les résultats de l’analyse d’une de ses mèches de cheveux. L’expérience a permis de relever la présence de nombreux pesticides dans son organisme.
« A titre personnel, hormis mes vêtements, l’ensemble de ma consommation est issu du label biologique, jusqu’à mes produits d’entretien » avoue Clément Rossignol Puech. Vendredi, accompagné du président de Générations Futures, François Veilllerette et de Franck Dubourdieu, membre actif de l’Association des médecins contre les pesticides (AMLP), le maire écologiste de Bègles affirmait vouloir « servir de cobaye » pour témoigner de l’impact des pesticides et des produits phytosanitaires sur notre santé au quotidien.
Le 23 février dernier, il s’était fait prélever une mèche de cheveux pour révéler la présence de pesticides dans son organisme et dénoncer la pollution systématique de l’environnement, y compris dans l’espace urbain.
Près de 4 mois après l’examen, l’analyse révèle l’existence de pas moins de 5 polluants organiques dans son métabolisme, dont du glyphosate, un herbicide inscrit depuis 4 ans sur la liste des produits « probablement cancérogènes » de l’Agence internationale de recherche contre le cancer. Un résultat alarmant, devenu tristement banal. Il prend en compte l’ensemble des polluants contenus dans le sang du maire lors des 3 derniers mois précédents l’examen.
Des résultats « classiques »
« Ce sont des résultats assez classiques » affirme le médecin et militant anti-pesticides Franck Dubourdieu. En janvier déjà, l’émission Envoyé Spécial révélait que des traces de ce pesticide étaient présentes dans l’organisme de l’ensemble de la population, avec des proportions variables. Sur les 5 polluants organiques dépistés chez le maire de Bègles, deux d’entre eux présentent des statuts contraignants : l’un étant prohibé (le Coumatétralyl) et l’autre placé sous surveillance (le Thiacloprid).
« Même dans une commune qui depuis 12 ans prohibe les pesticides et fait un effort spécifique, on retrouve quand même des traces de polluants organiques à des doses importantes », relève Clément Rossignol Puech.
Bègles, dirigée par Noël Mamère de 1989 à 2017, a fait le choix d’interdire l’usage de pesticides dans ses espaces publics dès 2006, devançant la législation nationale. En 2017, la loi Labbé a interdit l’usage des pesticides de synthèse aux collectivités, et aux particuliers depuis janvier 2019.
« L’exposition aux pesticides peut engendrer des problèmes de maladie chronique, des maladies de reproduction ; c’est une problématique de santé publique, rappelle François Veillerette. On avait analysé des cheveux dans le Médoc, c’est chez les ouvriers viticoles qu’il y avait le plus de traces de pesticides. On a cru comprendre que le monde agricole girondin avait changé de discours mais on attend des actes. »
Avec le journaliste Fabrice Nicolino, il a écrit le livre-manifeste ayant récolté 500 000 signatures : Nous voulons des coquelicots.
Pour Franck Dubourdieu, « l’éradication des pesticides relèvera d’une décision politique. » « Aujourd’hui la PAC ne défend pas de transition. Il y a urgence à changer le modèle agricole. Si 75% des viticulteurs ne peuvent vivre qu’avec des vignes désherbées et sont liés aux pesticides pour survivre, c’est le modèle économique qui est en cause. »